Tu connais la stratégie du moins pire ?

Quand une omelette moche fait débat.
Tu connais la stratégie du moins pire ?

En ce moment, je vis au milieu des cartons dans un appartement en rénovation. Je cuisine essentiellement au air fryer, et mes omelettes du matin au four micro-ondes. J'ai eu le malheur de partager une photo de mon omelette moche au micro-ondes et ça n'a pas loupé : j'ai reçu plusieurs commentaires bienveillants me déconseillant l'utilisation du micro-ondes...

Le micro-ondes serait dangereux. Il détruirait les nutriments, altérerait les molécules, émettrait des ondes nocives.

Pendant ce temps, à la sortie de l'école, personne ne bronche devant les petits pains au lait industriels, les compotes en gourde pleines de sucre et les boissons sucrées aux "arômes naturels" de fruits.

Personne ne s'inquiète. Personne ne prévient. Personne ne partage d'article alarmiste.

Cette dissonance m'a frappée. On s'alarme pour ce qui semble suspect, mais on ferme les yeux sur ce qui sabote réellement notre métabolisme au quotidien.

Parlons du micro-ondes, puisqu'il semble cristalliser les peurs.

Le micro-ondes fonctionne par rayonnement électromagnétique à une fréquence spécifique qui fait vibrer les molécules d'eau contenues dans les aliments. Cette vibration génère de la chaleur par friction. C'est tout.

Les micro-ondes ne modifient pas la structure atomique des aliments. Elles ne créent pas de radioactivité. Elles ne rendent pas les aliments "toxiques".

Les études scientifiques menées depuis les années 1970 — notamment celles publiées par l'OMS, l'ANSES et la FDA — concluent que la cuisson au micro-ondes n'est pas plus dangereuse que n'importe quelle autre méthode de cuisson domestique, à condition de respecter les consignes de cuisson et que l'appareil soit en bon état et utilisé correctement.

Concernant la destruction des nutriments : toute cuisson en provoque. La chaleur dégrade certaines vitamines, en particulier la vitamine C et certaines vitamines du groupe B, qui sont thermosensibles. Mais ce phénomène dépend de la température et de la durée de cuisson, pas du mode de cuisson.

Une étude publiée dans le Journal of Food Science en 2003 a même montré que le micro-ondes, en réduisant le temps de cuisson et en limitant l'utilisation d'eau, préserve mieux certains nutriments que la cuisson à l'eau bouillante ou à la vapeur prolongée.

Donc non, mon omelette au micro-ondes n'est pas dénaturée. Elle garde ses protéines intactes, ses lipides, ses vitamines liposolubles. Elle me nourrit, me cale, stabilise ma glycémie, et ne me pousse pas à grignoter deux heures plus tard.

Maintenant, parlons de ce qui devrait réellement nous alerter.

Un petit pain au lait industriel typique contient : farine de blé raffinée, sucre (souvent 10-15% du poids total), huile de palme ou autre matière grasse hydrogénée, émulsifiants, conservateurs, arômes. Zéro fibres. Zéro satiété durable.

Index glycémique élevé, absorption rapide, pic d'insuline, chute de glycémie dans l'heure qui suit. Résultat : faim, fatigue, irritabilité, envie de sucre.

Quand ce petit pain au lait est accompagné d'une compote sucrée (10-12 g de sucre) et d'une boisson "goût fruits" (15-20 g de sucre), on atteint facilement 30-40 g de glucides rapides en quelques minutes. Pour un enfant dont le métabolisme est en pleine construction, c'est une sollicitation intense et répétée du système insulinique.

De nombreuses études*, depuis plusieurs décennies, montrent que la consommation régulière d'aliments à index glycémique élevé chez les enfants est corrélée à une augmentation du risque de résistance à l'insuline, de prise de poids et de troubles de la régulation de l'appétit.

Mais ça, personne n'en parle. Parce que c'est normal. Parce que "c'est pour les enfants". Parce que c'est vendu en supermarché, dans des emballages rassurants, avec des allégations santé floues.

Admettons que mes œufs au micro-ondes soient moins riches en vitamines B que des œufs mollets — parce qu'on sait que la cuisson mollet est celle qui préserve le mieux leur profil nutritionnel. Et alors ? Ils restent infiniment "moins pires" qu'un petit pain au lait. Et c'est ça qui compte.

Quand tu es en fatiguée, débordée, en déplacement, en plein travaux, l'enjeu n'est pas de faire le repas parfait. L'enjeu, c'est de ne pas basculer dans ce qui va déréguler ta glycémie, fatiguer ton pancréas, et relancer le circuit de la faim compulsive.

Une omelette au micro-ondes, c'est moins pire qu'un sandwich triangulaire.
Un bout de fromage et quelques noix, c'est moins pire qu'une barre chocolatée.
Une plaquette de jambon industriel, c'est moins pire qu'une viennoiserie achetée en vitesse.

"Moins pire" ne veut pas dire médiocre. Ça veut dire : tu ne déstabilises pas ton corps. Tu ne relances pas le circuit insulinique. Tu restes dans une dynamique de soutient métabolique, pas de sabotage.

On juge les choix alimentaires sur des critères esthétiques, moraux ou technologiques. Mais on a oublié l'essentiel : est-ce que ça nourrit ton métabolisme, ou est-ce que ça le sabote ?

Le micro-ondes n'est pas l'ennemi. Les données scientifiques sont claires là-dessus.

Le sucre permanent, en revanche, déstabilise ton système de régulation à chaque prise. Les aliments ultratransformés créent une dépendance comportementale et métabolique documentée par des dizaines d'études.

Quand tu ne peux pas faire "idéal", fais "moins pire". C'est déjà largement suffisant pour protéger ton énergie, ta satiété, et ta régulation à long terme.

Et si quelqu'un s'inquiète pour ton micro-ondes, demande-lui ce qu'il pense des goûters industriels distribués chaque jour à des millions d'enfants.

A demain,
Sophie 💜

Sources

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